Les rapports de l’Afreximbank proposent une stratégie de survie pour l’Afrique dans un monde instable

De nouvelles publications proposent des recommandations politiques concrètes et des stratégies audacieuses pour aider les pays africains à naviguer dans un ordre mondial instable.

Alors que les incertitudes économiques mondiales s’aggravent et que les tensions géopolitiques remodèlent les flux commerciaux, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a dévoilé mercredi une série de rapports stratégiques visant à tracer une feuille de route pour la survie de l’Afrique.

Publiées lors de ses assemblées annuelles 2025 à Abuja, au Nigeria, les nouvelles publications – les Perspectives commerciales et économiques africaines 2025 et le Rapport sur le commerce africain 2025 – proposent des recommandations politiques pratiques et des stratégies économiques audacieuses pour aider les pays africains à naviguer dans les turbulences d’un ordre mondial instable.

Dans sa présentation des rapports, Yemi Kale, économiste en chef du groupe, a souligné qu’il ne s’agissait pas de simples recueils, mais de récits stratégiques fondés sur des données et des analyses.

Ils doivent permettre aux décideurs politiques du continent de comprendre les vulnérabilités émergentes dans le monde et de tracer une voie pour les surmonter.

Selon M. Kale, les Perspectives économiques et commerciales africaines et le Rapport sur le commerce africain, outre qu’ils identifient les risques et fournissent des prévisions, offrent également une feuille de route pour la croissance et illustrent la résilience de l’Afrique dans un monde en mutation.

Il a fait remarquer que dans un contexte d’incertitudes croissantes, de dette insoutenable, de protectionnisme et de nationalisme, l’Afrique a l’occasion de se réinventer et de repenser son avenir.

« Notre continent offre des perspectives de développement, même si l’Afrique est confrontée à des vulnérabilités croissantes telles que le poids d’une dette élevée, parfois insoutenable, l’escalade des tensions commerciales, le changement climatique et d’importantes lacunes en matière d’infrastructures, entre autres, qui convergent pour freiner la croissance du continent. Cependant, ce contexte recèle des opportunités extraordinaires.

Ces rapports sont plus que de simples outils de réflexion, ce sont des boussoles stratégiques conçues pour convertir ces complexités et ces connaissances en actions. Ils fournissent aux décideurs politiques, aux investisseurs, aux partenaires de développement, etc., des options fondées sur des données factuelles qui mettent en évidence les atouts démographiques de l’Afrique.

Ils constituent donc des feuilles de route pour naviguer dans ces incertitudes multipolaires croissantes et faire en sorte que le continent ne réagisse plus au coup par coup, mais contribue à les façonner », a expliqué M. Kale.

M. Kale a noté qu’« aujourd’hui, l’architecture financière mondiale subit des changements rapides et urgents, caractérisés par une fragmentation, sous l’effet de multiples forces, notamment l’escalade des régimes de sanctions, la hausse des taux d’intérêt mondiaux, la volatilité du dollar américain et les pratiques généralisées de réduction des risques par les institutions financières.

« Ce qui conduit aux changements dans l’architecture financière, ce n’est pas seulement le cycle économique, c’est aussi la montée en puissance des institutions financières multipolaires. »

La remarquable capacité d’adaptation de l’Afrique
Le message clé du rapport « Perspectives économiques et commerciales en Afrique 2025 » est que, malgré les turbulences de ces dernières années, l’Afrique a fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation. Le rapport révèle en outre que, malgré une année 2024 difficile, le continent a connu une croissance de 3,3 %, avec un fort rebond intra-africain, qui a enregistré une croissance de 12,4 %, inversant ainsi la tendance à la baisse de l’année précédente.

Cette reprise a été soutenue par une consommation intérieure plus forte, une augmentation des investissements et une amélioration des échanges commerciaux. En outre, le rapport montre que la résilience du continent a été complétée par le soutien constant d’institutions multilatérales africaines telles que l’Afreximbank.

Pour 2025, le rapport prévoit une croissance de 4 % pour le continent et une baisse de l’inflation moyenne, qui devrait passer d’environ 19 % à environ 15 %, grâce à un resserrement de la politique monétaire dans la plupart des pays.

Le commerce intra-africain devrait connaître une croissance annuelle moyenne de 6,6 % entre 2025 et 2029, fortement stimulée par la mise en œuvre de la ZLECA. Il souligne également comment la fragmentation financière mondiale actuelle remodèle le commerce africain et la nécessité pour l’Afrique de se tourner vers l’intérieur.

Le deuxième rapport, intitulé « African Trade Report 2025 », identifie les points de pression critiques, la complexité croissante de la dette, l’escalade de la guerre commerciale entre les grandes puissances mondiales, les chocs liés au climat et d’autres dangers.

Le rapport présente également des arguments convaincants en faveur de la diversification des exportations au-delà des matières premières, du renforcement des capacités industrielles et de la valeur ajoutée, ainsi que de l’investissement dans le capital humain, l’innovation et les infrastructures.